De la colère
peut-être pas ! Je suis plutôt quelqu'un de révolté.
Dans le registre des colères, on peut établir différents
niveaux. Il s'agirait plutôt d'une colère retenue.
Ma musique navigue un peu entre drame et sérénité.
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Votre
biographie vous définit comme un solitaire ouvert sur
le monde ?
C'est un peu contradictoire. Je suis solitaire dans mon rôle
de compositeur, qui travaille seul par définition.
Le fait de travailler avec des musiciens d'horizons différents
exprime peut-être une forte envie d'aller vers les autres.
Dans la vie, je crois être plutôt un homme sociable
même si je fuis les grandes concentrations de monde
pour préférer les petits groupes. Je pense aussi
être ouvert sur le monde car je m'intéresse énormément
à ce qui s'y passe. Parfois trop !
Justement
! Vit-on encore dans la réalité quand on vit
presque tous les jours dans des hôtels de luxe ?
Je ne vis pas dans les hôtels de luxe. Je suis là
parce que je viens jouer ma musique et il faut bien que je
passe la nuit quelque part... Je me produis d'ailleurs assez
rarement et je n'aime pas le mot " tournée ".
En effet, cela peut être très superficiel. Et
on oublie parfois le nom des villes dans lesquelles on a joué.
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Vous
vivez à Tunis. Peut-on connaître votre avis sur le
régime politique tunisien ?
Même si les pays arabes et musulmans ne sont pas les inventeurs
du despotisme et n'en ont pas l'exclusivité, il y a dans
ces pays un long chemin à parcourir pour briser une tradition
despotique qui perdure depuis longtemps. La Tunisie est inéluctablement
sur ce chemin. Parfois il faut savoir relativiser l'importance et
la vision que les médias donnent d'une situation.
Comment
vous et votre musique y êtes-vous considérés
?
Je suis quelqu'un de connu dans mon pays. Mes compositions sont
encore jeunes et se sont parfois imposées difficilement.
Car écrire des morceaux de musique traditionnelle qui ne
sont pas chantés comme le veut la tradition arabe a semblé
souvent bizarre au début. De plus, j'ai été
un des premiers à ouvrir cette musique aux sonorités
de jazz. Et cela en a étonné plus d'un au début.
Mais avec le temps, le public a commencé à apprécier.
Et aujourd'hui, c'est en Tunisie que j'ai le plus grand public.
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Jouez-vous
encore du répertoire traditionnel pur ?
Au début de mes études musicales, mon unique
ambition était d'être un fidèle interprète
de la tradition. Puis petit à petit, je me suis mis
à composer et je n'ai voulu jouer que ça. Aujourd'hui,
il m'arrive de temps à autre de revenir au répertoire
classique en sachant qu'il ne faut pas confondre le répertoire
populaire et folklorique. C'est une musique méconnue
qui est d'une grande richesse et d'un grand raffinement.
Pensiez-vous
obtenir un tel succès au début de votre carrière
?
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Je ne pense
jamais à cela ! Même quand cela arrive, je m'y refuse.
Ce qui m'intéresse, c'est ce qui reste à faire, à
prospecter et à découvrir. Même si souvent,
cela est éprouvant.
Quitter
ce monde du traditionnel n'a pas forcement été facile
?
Je ne pense pas tout à fait l'avoir quitté car j'y
suis rentré un jour comme dans un couvent. Mais j'ai vécu
Suite
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