La mousson
doit aussi avoir sa part dans cette passion. La pluie qui tombe,
l'encens qui se consume, les laques rouges et or des temples
et pagodons, les âmes errantes continuent de m'obséder...
Cet univers
que j'affectionne se retrouve dans les films de Wong Kar Wai
qui offre à nos yeux un mélange d'ambiances claires-obscures,
de néons déjantés, de rapports humains
sentis et parfois sans paroles... qui se terminent par le calme
de la végétation luxuriante, la jungle où
les statues de pierre d'Angkor Wat reposent (voir "In the
Mood for Love"). "Anges Déchus" n'est
d'ailleurs que la traduction d'un film de Wong Kar Wai (Fallen
Angels)... à voir et à revoir...
Tu
ne sembles pas être parti dans un quelconque club
de vacances aseptisé et ta vision n'est pas franchement
idyllique ?
Sans doute, mais elle n'est pas déshumanisée
ou inhumaine. Elle est plutôt "trop humaine"
avec tous ses excès. Je ne ressens pas, peut-être
je me trompe, de tristesse à l'écoute de notre
album ou de désespoir particulier. |
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S'il y a
déroute, elle reste enchantée... naïve, dérivante
comme une eau de pluie creuse son lit dans des ruelles trépidantes,
dans le vécu des gens. S'il y a tristesse, elle est effacée
par la révolte ou un accès de fièvre.
Quels
ont été tes autres influences ?
Notre idée minimaliste de départ devait s'enrichir
d'apport musicaux extrême-orientaux et "extrêmement
orientés" ce qui aurait dérouté quelque
peu l'auditeur. Pour des raisons techniques et au fil de l'évolution
du groupe, ces apports n'ont pas été retenus.
Mais nous y reviendrons dans d'autres opuscules...
L'idée
suit son chemin. Pour nos influences musicales et autres, elles
restent assez hétéroclites et c'est bien comme
ça. Mon cur balance toujours au son du Kabuki japonais,
d'une chanteuse vietnamienne, d'un groupe de rock cambodgien,
d'une ballade thaïlandaise ou de titres occidentaux les
plus divers.
Je n'ai
pas de références à donner. Je pourrais
dire que le groupe a tiré ses influences dans Montréal,
dans une culture musicale plus américaine que française
(je vais faire bondir les indépendantistes québécois
!). Le son de guitare de Sylvain suit une résonance plus
proche de Red Hot Chili Pepper que de Céline Dion...
(gag).
Que penses-tu
du conflit en Afghanistan, connais-tu ce pays ?
Ce qui se passe est la conséquence désastreuse
de politiques elles aussi désastreuses qui perdurent
pour des raisons de fric. Les enjeux dépassent largement
l'Afghanistan et englobe une lutte à l'échelle
internationale entre fondamentalistes milliardaires (Pakistan,
Arabie Saoudite...) et milliardaires libéraux. Ma
préférence va tout de même à ces
derniers.
La leçon
évidente de cet affrontement est que l'homme reste fidèle
à lui-même : un animal à l'intelligence
limitée. Les fourmis n'ont aucun souci à se faire
car elles survivront à cet "Homo Sapiens" qui
n'a de sage que son appellation scientifique.
J'espère
néanmoins que la guerre cessera au plus vite, que la
Palestine aura enfin un état et que les gens seront moins
salauds qu'avant. Ce qui me laisse de la marge pour de futures
chansonnettes... On peut rêver.
Suite.