
Cet
album a un titre ( Le plaisir) qui lui correspond bien ?
L'idée est de pouvoir définir en un mot titre ce qu'est
l'album. Le plaisir en ce moment c'est ce qui manque le plus. Je voulais
inscrire ce disque dans un état positif. L'ensemble est agréable
il n'était donc pas nécessaire de l'appeler " malaise
".
La
patte Chamfort est de toujours mélanger une sorte de
sucré-salé agréable au goût ?
J'essaie de respecter ce qui me plait. Etre honnête
avec moi même. Sur Le plaisir, il n'y a pas d'usurpation,
ni d'envie d'explorer des univers plus ou moins crédibles,
expérimentaux pour me la jouer. Marc Moulin, l'un de
mes anciens collaborateurs m'a dit " Ce n'est pas l'album
de quelqu'un qui se cherche mais c'est l'album de quelqu'un
qui s'est trouvé ".
On
plonge directement dans le bain avec ce titre Le grand retour
où vous tirez à boulet rouge sur votre image,
cela ne vous fait pas peur de casser le mythe ?
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Je ne suis pas
sûr que ce soit dangereux. Je n'essaie pas de faire des albums
qui plaisent au plus grand nombre ou des albums élitistes,
je cherche juste à faire les choses en fonction de ce que
je ressens, je n'ai pas l'impression de vivre dans un monde parallèle,
même si par moment on a une position un peu privilégiée
en tant que chanteur. Les gens sont suffisamment intelligents pour
comprendre ce genre de chose. J'avais déjà fait une
chanson qui s'intitulait : Ce n'est que moi, où j'essayait
de draguer une fille qui s'en foutait complètement de ma
poire et quand je lui disais qui j'étais et ce que j'avais
fait en croyant marquer des points, elle disait " Ha oui c'est
la chanson préférée de ma mère ".
Il faut avoir cette distanciation. Des choses comme ce que je viens
de vous raconter cela m'est déjà arrivé mais
généralement personne n'ose le dire parce que les
gens se sentent dévalorisés, moi cela m'amuse de mettre
ça au grand jour.
Sept
ans entre vos deux derniers albums c'est une éternité
pour un chanteur, que s'est-il passé pendant cette période
?
Il y avait de tout. Je sortais d'un long contrat avec Sony, j'étais
assez lassé du mode de fonctionnement d'une major. Je m'étais
dit que des gens comme moi n'avaient plus un bel avenir au vue de
l'évolution de ce métier, comme tout le monde en est
témoin actuellement avec l'obligation de résultats
rapides, le lancement d'artistes totalement propulsés. Je
commençais à avoir de la bouteille et pas forcément
un rapport économique énorme, je me demandais si j'avais
encore ma place.
C'est
dur ce que vous dites.
Oui mais je m'étais habitué à cette idée.
Je continuais à faire de la musique en pensant qu'elle pourrait
être interprétée par d'autres artistes. Je pensais
aussi produire
Et à ce moment là, j'ai eu cette
proposition de venir chanter un soir aux Nuits Botaniques de Bruxelles,
revisiter mon répertoire en compagnie de Vincent Burgalat
et de ses AS Dragon. Tout s'est super bien passé, au point
que l'on a reproduit ce spectacle à la Cité de la
Musique. Des gens de maisons de disques qui avaient eu de bons échos
de mon passage belge, sont venus constater par eux-mêmes.
A la suite de ça j'ai eu plein de contacts et de propositions.
Et
c'est aussi à ce moment précis que vous avez rencontré
Marc di Domenicio (architecte de l'album Jardin d'hiver pour Henri
Salvador) ?
Oui il m'a proposé de travailler sur mon nouveau disque.
Sans idées arrêtées, on a élaboré
un projet ensemble : celui de conserver cette notion de rencontre
avec des musiciens plus jeunes, pas embarrassés de tics et
de mauvaises manières que les musiciens expérimentés
peuvent avoir. On a démarré une collaboration sur
4 titres, et finalement on est allé jusqu'au bout. Cela m'a
permis de prendre mon temps pour choisir ma nouvelle maison de disques.
Vous
arrivez chez Delabel, ce choix peut paraître étonnant
?
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