Aux quatre puisqu'il
y a toutes les humeurs. Il a un côté automnal et hivernal
qui correspond à l'écriture de mes chansons puisque
j'aime bien cette ambiance de cocooning. Quand je fais un album
je suis souvent dans un studio à l'intérieur de moi-même
qui correspond plus à un décor d'hiver mais après
je pense qu'on y découvre des moments lumineux propres au
printemps et à l'été.
Débuter
le disque par Que n'ai-je, était-ce une manière de
dire qui vous étiez ou n'étiez pas à l'heure
de l'enregistrement ?
Non, je pense que c'est une chanson qui pouvait me ressembler il
y a 10 ans et qui pourra tout aussi bien me correspondre dans 10
ans.
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Les
histoires d'amour chantées par Keren Ann finissent
mal en général ou semblent désabusées
comme sur Midi dans le salon de la duchesse ?
Elles ne finissent pas mal, je parle de l'amour en général,
du mien ou de celui de l'un de mes personnages, quelqu'un
qui s'attache à toutes formes d'amitié, de séduction
ou de complicité. Je pense qu'il y a un rapport dans
ma musique avec le fait de grandir et de rester adolescent
dans un corps qui devient adulte. Parfois on laisse des choses
en nous, c'est ma manière de les regarder et de les
ressentir en chansons.
Pour
vous, une chanteuse doit-elle se sortir du bonheur pour composer
?
Je ne pense absolument pas que l'écriture ait un rapport
avec le fait d'être mal ou bien. Nous naviguons tous
entre l'un et l'autre cinq fois par jour. Il y a forcément
des états dans lesquels on est plus confortable pour
écrire, quelque chose comme le premier instinct qui
sert à débuter le travail après l'écriture
en elle-même est une tache comme une autre.
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Dans
tous vos disques vous jouez avec les métaphores, d'où
vous vient cette envie de mystifier d'une certaine manière
vos textes ?
J'écris ce qui me parait clair, parfois j'entends des histoires
très réalistes où je ne comprends rien. C'est
plus un style d'écriture plutôt qu'une envie ou une
volonté.
Vous
êtes revenue à la langue française, était-ce
un besoin ?
J'en aurais toujours besoin. Je compose avant d'écrire et
certaines mélodies se marient mieux avec l'une ou l'autre.
J'ai du mal à imaginer Que n'ai-je en anglais ou Chelsea
burns en français. La langue est une forme physique. J'ai
une obsession des mots, après c'est juste une question de
sonorité par rapport à la musique.
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Ce
qui est troublant c'est que vous semblez jouer vos titres
français avec un esprit américain et vos titres
anglophones de manière européenne ?
Mon son en général est composé de plein
d'ingrédients. Dans toutes mes chansons, qu'elles soient
françaises ou américaines, il y a un mélange
de genres. C'est la culture musicale avec laquelle j'ai grandi
que je mets à mon service.
Sur
ce dernier disque vous produisez vous-même, n'aviez
vous plus grand chose à apprendre ou alors étais-ce
un défi pour savoir si vous en étiez capable
?
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Suite
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