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Oui, mais
c'est aussi un choix qui s'imposait. Après avoir décidé
d'enregistrer ce disque en quintet, comparativement au précédent
où beaucoup de musiciens étaient invités,
il y avait naturellement plus de place pour que je puisse
m'exprimer.
Vous
utilisez moins votre voix aussi.
Oui il y a moins de chant car le répertoire ne s'y
prête pas forcément. Mais pour la voix, je pense
que j'y consacrerais un projet bien défini.
Vous
avez une façon très particulière d'utiliser
la voix, comment la travaillez-vous ?
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Je ne la travaille
absolument pas, c'est complètement ludique. Je souhaite que
ça reste empirique et basé sur la fixation de certaines
sensations liées à ma voix. Quelquefois, je ressens
des sensations fortes et je les fixe physiquement et je les garde
en mémoire, ce qui rajoute une sensation jusqu'à la
inconnue. Mais ce n'est pas du tout comme pour la flûte où
il y a un gros travail de réflexion. J'ai toujours chanté
depuis que je suis gosse, dans Human Spirit, je faisais pas mal
de churs et de morceaux en leader. Mais il y a plein de territoire
de la voix où je ne me suis pas encore aventuré, une
palette plus intime, dans les basses et les médiums, mais
j'attends que ça mûrisse. Mais je pense que j'y consacrerais
un projet musical à part entière.
Vos
albums se nomment 69-96, 00-237, XP-1, c'est volontairement ésotérique
ou vous aimez les chiffres ?
Ni l'un, ni l'autre, j'ai toujours trouvé réducteur
de choisir des titres pour les albums et c'est un prétexte,
je préférerais ne rien mettre, c'est un peu la preuve
par l'absurde en mathématiques. Comme je n'aime pas donner
de titres, je mets des titres absurdes.
Steve
Coleman vient jouer du saxophone sur quelques titres, comment s'est
déroulée votre rencontre ?
Par hasard, au festival North Sea Jazz aux Pays-Bas. On s'est rencontré
à l'hôtel et comme on enregistre sur le même
label (Label Bleu), on s'est croisé plusieurs fois, on a
discuté, partagé des points de vue sur la musique
jusqu'au jour où il m'a invité à participer
à ses concerts puis à ses disques. C'est quelqu'un
que j'estime beaucoup, je connaissais sa musique avant de le rencontrer,
je l'avais vu lors de ses concerts au Hot Brass. Il a de plus de
l'influence sur bons nombres de musiciens, ne serait ce que sur
Denis Guivarc'h, le saxophoniste de l'Orchestra. C'est tout simplement
quelqu'un que j'aime beaucoup.
Vous
sentez vous un musicien de jazz ?
Je me sens musicien de jazz. Certains diront que le jazz est identifiable
dans telle ou telle configuration et que le reste n'est pas du jazz
il
y en a de moins en moins.
Je pense que toute démarche occidentale qui se place sur
le plan de la recherche sur l'improvisation et l'intégration
de l'improvisation à la composition musicale peut s'appeler
du jazz. Il y a plein de musiques qui utilisent l'improvisation,
que ce soit le Flamenco ou la musique indienne. Mais en Occident,
elle a évolué et s'identifie sur ce qu'on appelle
musique jazz.
Quelle
est la part d'improvisation que vous laissez sur scène ?
Suite
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