Ma perception
est claire. Les paysans n'ont pas le régime des 35 heures.
Un paysan il peut parfois bosser 20 heures dans une journée,
du lever du soleil à la nuit tombée, et quand la nuit
tombe, il y a encore les vaches à traire ! Ces gens-là
ont une culture rurale, que tu sois noir, blanc ou arabe, ils vont
t'ouvrir leur porte. Tu as faim ? Ils vont te donner à manger.
Eux, ils demandent une chose : c'est que tes mains sachent travailler.
Les miennes me servent pour la guitare, et les Lofofora se foutaient
de moi en disant que j'ai plus des mains à tuer les bêtes
et à couper du bois que pour me servir d'un téléphone
portable. J'ai l'air très con devant Internet je reconnais,
mais mon bois, il me sert à me chauffer tout l'hiver.
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C'est
la culture de la terre, on ne va jamais laisser quelqu'un
crever devant une porte. Par contre, quand tu es paysan, tu
n'a pas de culture, au sens où on l'entend, car tu
n'as pas le temps de penser, et donc de faire des études
; les mecs, on leur dit : " Voilà, on va vous
filer de l'argent, vous allez planter des sapins américains
". Mais la tempête de 1999 a ruiné toutes
leurs récoltes et ça on vous le dit pas à
la télévision. Les subventions, c'était
un moyen de suivre le système américain du "
on a trouvé un moyen de gagner plein d'argent ".
Eux, ils ont dit " ouais d'accord, super, ok ",
par contre ils galèrent, notamment avec l'histoire
de la vache folle.
Donc le
vote, ça se joue à peu de choses. Nous, maintenant,
les paysans de la Confédération Paysanne, nous
revendiquons une autres culture.
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Maintenant,
on en arrive au vote FN, tu as bossé toute ta vie, toute
la journée, toute l'année, avec tes mains, et le soir
tu regardes la télé, et tu vas te coucher. A la télévision,
on te montre l'insécurité, partout. Moi, je suis allé
faire un concert à Vénissieux (près de Lyon),
aux Minguettes (cité réputée pour être
très chaude), je n'ai eu aucun problème, même
en dormant dans mon camion. Le matin je me suis levé, je
suis allé prendre un café : et là j'ai rencontré
tous les beurs, et je leur ai demandé : " Mais elle
est où l'insécurité, je l'ai pas vue, vous
ne m'avez pas agressé ? ". Les gamins m'ont répondu
: " ouaish, z'y va, tu veux que je te la montre l'insécurité
? Si y a pas de flics, pas de télé, y a pas d'insécurité
! ".
C'est sûr,
il y a des quartiers chauds, surtout à certaines heures,
mais on a voulu faire croire à la masse des conneries, lui
faire peur pour que Chirac repasse, les gens ont voté pour
Chirac, à contre coeur, parce qu'ils avaient peur de Le Pen.
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Le
vote FN était un vote de mécontentement ?
Il
ne faut pas oublier un truc, on a au fond de nous des gênes
Gaulois. Et en tant que Gaulois, on a la vénération
du chef et son charisme. Le Pen, c'est un vrai chef, et c'est
ça qui fait chier. C'est comme Dark Vador, il a donné
toute sa puissance au coté obscur de la force. Pour
moi, Le Pen, il serait de gauche, ça serait un gars
génial, parce que lui au moins il a pas peur d'aller
au casse pipe. Le problème vient des idées nationalistes.
Pour moi, le FN, c'est une marionnette au niveau du gouvernement.
Mitterand en 1981 l'a utilisé pour passer au pouvoir
et pareil pour Chirac l'année dernière...
C'est
un régulateur...
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Ouais, voilà.
Parce que Chirac sinon, il devait aller en taule, et ça il
ne pouvait pas se le permettre. Maintenant, le vote FN tel qu'il
est aujourd'hui, n'est pas idéologique, il est là
pour sanctionner. Bien sûr, il y aura toujours des racistes,
moi, mon truc, c'est le respect de l'humain. Maintenant, un mec,
qu'il soit de couleur ou de religion différente, vraiment
j'en ai rien à faire, c'est l'énergie de la rencontre
qui est la plus importante pour moi, et ce soir j'ai vraiment été
touché par le public parisien.
C'est
vrai que l'accueil a été plutôt bon pour toi....
Oui c'est vrai, je reconnais avoir pris un sacré pied.
Pour
finir nous voulions t'avouer que nous sommes allés manger
chez McDo avant de venir, par manque de temps.
Ben écoute, c'est votre vie que vous mettez en jeu mes gaillards.
Moi, personnellement, j'ai mangé une fois dans ma vie chez
Mc Do il y a 15 ans et plus jamais je n'y retournerai. D'autant
plus que je connais et j'ai soutenu José devant la prison,
je n'y étais pas pour me faire de la pub. Non, j'y étais
en tant qu'individu, Philippe, qui soutien un autre individu, José
est un sacré grand bonhomme.
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