Alain
Souchon a cette facilité déconcertante qu'ont les
latins pour se sentir aimer. Dès qu'il se présente,
il enroule la conversation afin de vous mettre à l'aise.
Il décroche deux ou trois blagotinnes pour vous imaginer
être son meilleur ami. Il enclenche la machine à confidences
personnelles et en toute fin d'interview vous flatte le lard. Car
monsieur est un grand professionnel, un grand connaisseur des relations
humaines et surtout un immense artiste qui a toujours de "
belles " choses à dire. Entretien vérité
dans les pas de ce nouveau Théodore? Oui certainement! Mais
attention à la glissade !
Est-ce
que c'est vrai que tout l'album est parti de Bonjour Tristesse,
votre hommage à Françoise Sagan ?
Je voulais lui témoigner un signe d'amitié et
d'admiration. A l'époque je m'étais dit que j'allais
lui faire une chanson que je lui enverrais sur une cassette.
Donc j'ai fait ma chanson et puis malheureusement elle est morte.
Alors bon ! Est-ce que finalement le meilleur choix qui s'imposait
n'était pas de faire un disque et d'y mettre ce titre
en hommage? ! Ca m'a donné l'envie, de fil en aiguille,
de faire un album complet. Ensuite j'ai vu un truc à
la télé sur Théodore Monod où j'ai
été assez troublé par son rayonnement,
sa sagesse, sa beauté d'âme et le côté
romantique de sa marche. Au bout du compte, en y rajoutant des
petites chansons par-ci par-là, l'album est né. |
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En
fabuleux parolier de name-droping vous débutez le disque
par Putain ça penche et votre constat sur la société
de consommation. Pensez-vous que les marques rendent les gens impersonnels
?
Oh non ! Ce n'est pas comme ça que je le vois ! Tout le monde
s'habille de la même manière mais de tout temps cela
a été comme ça. C'est surtout la société
de consommation qui a pris le dessus sur la jeunesse qui était
encore il y a peu le moment de la liberté, la période
où l'on pouvait tout envoyer balader et qui maintenant s'ils
n'ont pas la chaussure de telle ou telle marque sont malheureux.
C'est presque devenu tragique ! En même temps, à mon
époque, nous, nous voulions des jeans, s'habiller en clochard
et entendre nos parents dire que nous n'avions pas le droit de se
costumer de cette manière. Dorénavant, cela relève
d'une symbolique beaucoup plus forte. C'est une mode puissante.
Ma chanson c'est un gadget, une photo de la société
prise en instantané.
En
même temps, à votre époque il y avait une vraie
révolte construite, un besoin de tout changer ?
Maintenant c'est le paraître qui prend le dessus. Vous savez,
ce n'est qu'une petite chanson amusante avec un petit riff à
la Rolling Stones de Laurent Voulzy que j'aime beaucoup. (rire)
Bizarrement
être chanteur c'est sacraliser le modèle parfait de
ce monde à deux balles ?
Personnellement je ne suis pas un modèle. Personne ne me
suit! D'ailleurs il n'y a rien à suivre ! (rire). Je pense
que je fais des photos que j'aime bien et que je les développe
en musique pour les gens. Ca ne va pas plus loin que ça !
Quand j'étais jeune j'aimais bien entendre Georges Brassens
dire des choses et me sentir concerné. Je me disais que c'est
super de dire ça. D'entendre Brel chanter " Les Bourgeois
c'est comme les cochons ", c'est " le moi aussi "
qui me faisait vibrer. Cela permettait de s'y retrouver. Visiblement
c'est pareil avec moi mais ce n'est pas pour ça que je suis
un modèle à suivre.
Vos
chansons sont-elles des tableaux ?
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