C'est un dandy
magnifique. Un rebelle qui a mis Breton en littérature. Ils
se sont rencontrés en 1916 pendant la guerre, il faisait
partie du groupe de Nantes. Nous n'avons que ses lettres comme témoignages
littéraires. C'est un individu qui est mort à 22 ans
d'overdose d'opium, il faut absolument lire les lettres qu'il a
écrites dans les tranchées : c'est magnifique.
Au
milieu du disque il y a cette chanson : Nuits de Rêve, de
plus de 8 minutes qui s'installe là comme pour cauchemarder
un peu plus ?
Là pour la peine c'est du Tanger pur et dur ! Laisser vraiment
une chanson cavaler sans trop de limite le temps dans un festin,
presque une orgie.
L'album
continue avec des titres plus calmes, apaisés, il suffit
d'écouter Un homme est inerte, Air task order ou encore La
grande vie ?
La façon de travailler sur un album comme celui-là
est très réfléchie. Son agencement nous a demandé
beaucoup de temps. Faire un album en 10 pièces c'était
un choix personnel. Je trouve que se sont généralement
les meilleures sur la durée. Faire deux faces de 5 morceaux.
Chaque pièce à vraiment sa place. C'est un souci permanent.
Le titre, le corps des textes, et puis la réalisation jusqu'à
la pochette c'est un travail total qu'il faut mener jusqu'au bout.
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Votre
univers fait souvent des clins d'il au cinéma
et à David Lynch en particulier ?
Je suis un grand cinéphile et Lynch est l'un des derniers
monstres sacrés encore vivant. Il a une position sur
le cinéma qui aujourd'hui peut paraître encore
imbuvable pour beaucoup mais qui va devenir énorme
dans les 10-15 ans. Sa façon d'essayer de se détacher
d'une narration un peu trop évidente et surtout sa
manière de pérenniser l'idée du rêve
qui devrait être la base du cinéma.
Pour
produire votre album vous avez rencontré Kid Loco qui
vous a fait changer de technique d'enregistrement ?
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Tanger avait
une tradition d'enregistrer live ses albums. Là nous avons
séparé les choses pour recevoir les arrangements.
Disons qu'il était très à cheval sur ce point
pour que nous soyons imparables sur le tandem basse-batterie et
avoir des fondations solides où construire les murs.
Dans
L'amour Fol, il y a une lecture de '4ème de couverture',
un texte de Manuel Joseph en piste cachée, pourquoi ce choix
étrange ?
J'aime bien l'idée du lapin qui sort du chapeau du magicien.
Une fois que l'album est terminé, que la musique est finie,
savoir qu'après quelques minutes une voix surgit c'est surprenant
et en plus à mes yeux cet écrivain est sûrement
le meilleur écrivain actuel et je désirais lui donner
cette tribune.
Vous
avez sorti : Attendre qui est un single inédit ne figurant
pas sur l'album ?
Nous avons dû l'enregistrer très vite. Le premier single
de l'album était Le petit soldat qui fut grillé en
radio à cause de la guerre du golf il a été
censuré sur les radios. Attendre, c'était l'idée
de réagir et de remettre une autre cartouche.
Est-ce
que le fait d'attendre pour un musicien comme pour un acteur, n'est
pas ce qui est le plus courant finalement ?
Je crois que cela ne se limite pas à ces corporations. Nous
sommes tous dans des vies où les choses se sont accélérées,
les distances sont plus courtes, les moyens de transports sont plus
rapides mais paradoxalement on passe notre temps à attendre.
L'attente fait partie de la condition humaine de l'homme du XXIème
siècle.
Pour
y remédier vous faites de la surexploitation de votre personne
?
Suite.
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