Quand on a débuté
avec Montecarl, je voulais être Mike Jagger. Je me suis dit
: "Ca y est, on a signé, on va être des vedettes".
Je pensais qu'il suffisait de sourire pour être heureux. J'étais
vraiment naïf, trop gentil, "fleur bleue" même.
Je m'en suis pris pas mal dans la tronche, et j'ai donc vu que tout
n'était pas si cool que ça. Je suis devenu plus dur,
je n'avais plus envie d'être sympa. Pour moi, il n' y a pas
de rock en France, et si tu veux devenir rocker, c'est un apprentissage.
Aux Etats-Unis, les mecs ils prennent leurs guitares à 18
ans ils font du rock. Ils ont une culture rock, nous on doit apprendre.
Peu à peu, j'ai voulu me libérer de tout ce qui est
sophistiqué. Et puis j'ai moins envie d'être mignon,
je me sens beaucoup plus sûr de moi. J'ai envie de balancer
des choses.
Ca
se ressent d'ailleurs beaucoup dans les textes.
Ouais, pour les textes c'est pareil. Aujourd'hui, tout est
tellement politiquement correct, avec tous ces "rockers"
qui n'arrêtent pas de parler des bonnes causes, de la
Confédération paysanne, etc. Tous s'engouffrent
là-dedans, c'est devenu un code. Quand je vois des
jeunes qui se croient rebelles, mais qui bouffent de la merde,
s'habillent chez Nike et écoutent le Mouv', je me dis
que mes textes parlent de ça. Il y a quand même
une bêtise ambiante assez puissante, et j'avais tout
simplement envie d'en parler.
D'où
vient l'idée d'une reprise garage-punk des Daft Punk
(Harder better faster stronger), qui est un vrai bijou ?
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Etant donné
que la house a pillé le rock de ces trente dernières
années, globalement, j'ai eu envie de faire l'inverse. J'aime
beaucoup les Daft Punk, leur deuxième album est très
bien, et cette chanson je la trouvais vraiment rock' n' roll, donc
j'en ai fait une version garage. Je suis allé voir les Daft
Punk avec et ils ont adoré. Du coup, on s'est retrouvé
associé sur de nombreuses compilations dispersées
à travers le monde. D'une certaine manière, c'est
eux qui ont fait le morceau. Voilà, ça me permettait
de dire deux choses : la house pille le rock, alors le rock va piller
la house, et de montrer à quel point les Daft Punk ont de
bonnes chansons.
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La
reprise de Gimme some thruth de John Lennon, qui contraste assez
avec le reste de l'album, est-ce un hommage aux influences pop/rock,
à Montecarl et aux sixties ?
Je suis un fan des Beatles. Pour cet album j'ai bossé
avec un ingénieur du son avec qui je suis depuis des
années, on a enregistré dans son studio, et ça
nous arrivait souvent de faire des reprises des Beatles. Du
coup, on avait un projet, c'était d'inviter plein de
groupes français et reprendre la face B d'Abbey Road,
avec AS Dragon, Eiffeil, Silmarils... |
Mais j'ai jamais
réussi à monter le truc parce que les groupes en France,
c'est "je m'occupe de mon truc et rien d'autre". Donc,
cette reprise de Lennon c'est celle qui est restée de ce
projet-là en fait. Je voulais qu'il y ait la marque de l'esprit
des Beatles sur Sain et sauf, c'est tout. Cette chanson n'est pas
l'une des plus connues de Lennon mais elle est magnifique, elle
s'élève contre tout le baratin médiatique,
et ça collait assez bien avec le sens de mon propos. Après
un album aussi fatiguant physiquement, je me suis dit que c'était
bien d'avoir un moment de détente, plus mélodique,
un apaisement.
Sain
et sauf, d'où vient ce titre ?
Ouais, c'est moi. La chanson me rappelle l'époque où
j'allais chercher mes barrettes dans des "cloaques", le
cutter sous la gorge; et je voulais parler de ça. Aujourd'hui,
on est bloqué de partout, tu as le droit de rien faire, et
aller chercher une barrette chez des petits dealers, se barrer en
courant, croiser des flics, c'est la nouvelle aventure, tu vois!
J'avais envie de recréer une petite histoire comme ça.
J'ai vécu ça, et je m'en suis sorti sain et sauf.
Dans la musique c'est pareil, les gens ne veulent pas de toi, tout
le monde te bloque, mais bon, je m'en suis aussi sorti sain et sauf.
La pochette illustre bien ça : je me suis pris des gnons
plein la gueule, mais je continue...même si je saigne du nez,
j'en redemande. C'est un peu Jackass (rires!).
Tu
travailles aussi pour d'autres artistes : Léopold, mais aussi
Dave, ce qui est plutôt étonnant au prime abord. Peux-tu
nous en dire un peu plus sur ces collaborations ?
Suite
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