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En fait, j'ai travaillé pour plein de gens. Léopold vient de ma région, c'est un copain d'enfance. Il est venu à Paris pour essayer de percer, et je me suis un peu occupé de lui et de la réalisation de son disque. C'était ma première réalisation, et ça m'a plongé dans le bain. J'ai aussi bossé pour Calogero, pour Keren Ann, pour Mass Hysteria (en ce moment), et pour Dave, on a fait un super disque. Il voulait faire un disque de reprises sixties sans tomber dans le ringard. Son directeur artistique m'a appelé, en sachant que j'étais passionné par les sixties, cette collaboration a été mortelle ! Un vieux son, tout enregistré "live", c'est un disque super réussi. Moi j'ai besoin de travailler avec des gens qui me laissent faire ce que je veux; et ça été la cas de Dave. Pour un musicien, c'est royal. Tu vois, Didier Wampas, quand il chante avec Patrick Juvet, on ne le casse pas !

Certains magazines de rock (et de folk) ne vont pas parler de moi à cause de Dave, mais qu'ils aillent au diable. Quand du travail se présente, il faut le saisir; c'est mieux que d'attendre et de crever de faim. Je ne peux pas être à la merci de trois journalistes qui font la pluie et le beau temps à Paris, c'est pas possible. Donc j'ai décidé de travailler avec les gens qui m'intéressaient : Dave, il s'avère que c'est un chanteur remarquable, Calogero, c'est un super musicien. On aime ou pas, il y en a pour tous les goûts. Tous les rockers français ont dansé sur Claude François, dans les bals musettes. Ici, on est en France, il faut se calmer.

Aujourd'hui, on a l'impression qu'être rock c'est regarder Jennifer à la Star Ac', écouter Linkin Park et aller voir Korn en concert. Pour toi, c'est quoi "être rock" ?
Ouais, c'est ça. Aujourd'hui, il y a ceux qui aiment le rock et ceux qui font le rock. Il y a des types qui se sont défoncés à l'héroïne pendant 20 ans en écoutant les Rolling Stones. Mais faut pas se leurrer, les Rolling Stones se faisaient changer leur sang, ils ont des comptes en Suisse délirants, 10 putes dans leur Rolls. Pour moi, pour être rock il faut être crevard. Moi je suis un musicien rock, je ne suis pas un rocker. Je ne suis pas un type qui "vit rock". Je travaille, je répète, je joue live, je vend, je réalise et j'en ai rien à foutre de ce qu'on dit de moi. Maintenant, je ne vais pas mentir, j'adore le mode de vie rock, mais je ne suis pas un "taliban du rock"...

Tu es donc contre le langage fasciste du rock ?
Je suis contre les mecs qui t'empêchent d'exister, qui voudraient juste que tu fasses un disque et que tu retournes à l'usine, et que ça leur fasse vendre du papier. J'en veux un peu à la presse. C'est eux qui affirment tout, qui font la pluie et le beau temps, qui définissent les styles. Etre rock, c'est viscéral. Si Dave ou Calogero m'appellent, c'est parce qu'ils veulent "sonner rock", c'est tout ! Ils me demandent d'améliorer leur son. Ils viennent me voir parce qu'ils pensent que leur production va être plus pure.

Donc, pour toi, le rock c'est un don d'organes !
Exactement, c'est complètement ça. Tu montes sur scène, et tu donnes tes organes. Dans le rock, rien n'est impossible, mais il faut exister, c'est la grande difficulté. Et l'idée d'organes prouve cette envie d'être.
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