Alice Cooper et Revenge, 11/07/2005, l'Olympia.
Ca y est ! J'ai réussi à mettre
la main sur Alice Cooper. L'individu était annoncé
depuis longtemps pour sa tournée européenne 2005
et toutes les villes prévues se situaient assez loin de
ma bonne ville de Bruxelles. Mais un beau jour, un concert à
l'Olympia de Paris a été programmé et le
tour a été joué.
Il m'a fallu filer à Paris où je
suis arrivé pile à l'heure pour le concert de l'Olympia.
Les places étant assises et attribuées, je n'avais
pas besoin de me presser. J'entre dans la salle au premier coup
de baguette du groupe d'ouverture, les Français de Revenge.
Je ne me souvenais plus qu'un groupe de Metal puisse être
aussi ringard. On n'avait pas vu spectacle plus affligeant depuis
"Spinal Tap". Le chanteur porte une veste à brandebourgs
et se prend pour un mélange de Bruce Dickinson et Udo Dirkschneider.
Il s'emmêle régulièrement les pieds dans les
spots du bord de scène et passe son temps à hurler
comme un goret trépané en agitant les bras pour
faire bouger le public. C'est très simple : si vous êtes
nostalgique de Metal bouffon des années 80, si les cheveux
peroxydés, les Spandex moule-boules et les rythmiques à
deux balles vous manquent, Revenge est un groupe pour vous.
C'est du sous-Judas Priest, du sous-Accept, du
sous-tout. Revenge se paie même le luxe de reprendre le
"Heavy Metal Rock'n roll" de Rock Goddess, ce qui veut
tout dire. Les chansons de Revenge ont été entendues
23 000 fois dans des centaines d'albums de série B entre
1982 et 1987. Ces types, qui doivent être préposés
des postes dans le civil, se gavent encore de combos totalement
oubliés comme Kix, Madam X, Hélix, le groupe néerlandais
Vengence, Lee Aaron, les Rods, bref toute la lie de l'humanité
métallique d'il y a vingt ans. Que c'est laid! Le son est
pourri, le jeu de scène est grotesque, le chanteur passant
son temps à haranguer le public (il y en a trois qui suivent)
et se promener avec un micro géant gonflable ou déguisé
en tueur de "Scream". Tous les clichés du pire
du Metal Eighties sont rassemblés chez Revenge, qui foule
les planches de l'Olympia où se sont quand même produits
Jimi Hendrix ou Kiss. C'est vraiment donner de l'avoine à
des cochons. Cerise sur le gâteau : la pochette du prochain
album du groupe trône derrière la scène et
représente une paire de lèvres féminines
bien rouges et luisantes, du pur "Spinal Tap", un régal.
Après cette ignoble corvée, nous
accueillons Alice Cooper avec soulagement. Les Parisiens truandent
massivement l'obligation de rester assis et plein de gens se retrouvent
debout devant la scène et dans les travées, obligeant
les personnes assises à se lever aussi. Je suis au douzième
rang et sur le côté, près du mur. J'exploite
la situation en suivant tout le concert debout sur un accoudoir
de fauteuil, le dos au mur, profitant d'une vue imprenable.
Ah, Alice
Trente-cinq ans de légende
sur scène devant nous. Alice Cooper fut considéré
comme un des tous premiers groupes de hard-rock dès 1970
et son parcours est jalonné d'épisodes sordides
ou brillants, de chansons immortelles ou d'albums alimentaires,
de concerts insensés ou de cures de désintoxication.
Tous les artistes qui prétendent choquer sur scène
doivent tout à Alice Cooper. Sans lui, pas de Kiss, pas
de Mötley Crüe et surtout pas de Marilyn Manson. Alice
Cooper, alias Vincent Furnier, a tout inventé en matière
de rock décadent et de Grand Guignol gore. Les poulets
massacrés sur scène, c'est lui, pas Ozzy! Il a surtout
brillé entre 1971 et 1975 avec des albums incontournables
comme "Love it to death" (1971), "Killer"
(1971), "School's out" (1972), "Billion dollar
babies" (1973) et "Welcome to my nightmare" (1975).
Il a enchaîné les périodes fastes et les descentes
aux enfers. Dans les années 80, on le disait totalement
fini, jusqu'à la redécouverte de son uvre
et son retour dans les années 90. Il sort depuis régulièrement
de bons albums dont le dernier en date, "Dirty diamonds",
vient de paraître. Alice a juste débarqué
en Europe et son spectacle parisien est le deuxième de
la tournée, après une première date au Portugal.
Autant dire qu'il est en forme
Le show de ce soir va comprendre 27 chansons jouées
en une heure et quarante minutes, une vraie performance. Un bon
tiers est extrait de la discographie glorieuse des années
70, Alice Cooper commençant directement avec "Department
of youth", de l'album "Welcome to my nightmare".
Cet album va d'ailleurs se tailler la part du lion avec pas moins
de six extraits au cours du spectacle.
Le Coop nous propose aussi deux chansons de son
tout dernier album "Dirty Diamonds". Il y a quasiment
un petit événement sur chaque titre, Alice jetant
des colliers de perles dans le public sur "Dirty diamonds",
distribuant des morceaux de papier vert au bout d'une épée
sur "Billion dollar babies", se faisant fouetter par
une diablesse sur "Go to hell". Le public pleure presque
de joie en entendant "I'm eighteen", l'une des pièces
maîtresses de la carrière de Monsieur Cooper.
Le concert monte en puissance peu à peu,
le visuel devenant de plus en plus frappant. Alice Cooper disparaît
comme par enchantement sur "Go to hell" pour revenir
fringant et portant un gibus noir après un solo de batterie
signé Eric Singer. Parlons-en, de Monsieur Singer : un
palmarès impressionnant (ex-Lita Ford, ex-Black Sabbath,
ex-Kiss, ex-Gary Moore, ex-Brian May, n'en jetez plus
),
un véritable mécanicien du fût (il va être
à fond sur son kit pendant tout le concert et nous délivrer
un phénoménal solo athlétique), une recrue
de choix pour Alice Cooper.
Puisqu'on y est, un petit mot sur les autres musiciens
accompagnant Alice, du beau linge, croyez-moi : le bassiste Chuck
Garrick (de chez Dio) et les guitaristes Ryan Roxie (du Snakepit
de Slash, l'ex-Guns 'n Roses et actuel Velvet Revolver) et Damon
Johnson (de chez Sammy Hagar). Tout ce petit monde semble bien
s'amuser sur scène, notamment les guitaristes qui en font
des tonnes.
Mais revenons au show théâtral d'Alice
Cooper. Il revient en gros méchant sur "Gimme"
et "Feed my Frankenstein" (des morceaux des années
90). A l'issue de cette chanson, il assemble le tronc et les membres
d'un corps en smoking blanc dans un cercueil, sans la tête.
Puis le voilà en train de martyriser une jeune danseuse
sur "Steven" et "Only women bleed", deux superbes
chansons de "Welcome to my nightmare". Mais la danseuse
prend sa revanche en faisant enfermer Alice dans une camisole
de force par deux épouvantails de passage. C'est l'occasion
d'entamer "The ballad of Dwight Fry", une chanson bien
névrotique extraite du chef-d'uvre "Love it
to death". Ciel! Alice se libère de sa camisole mais
le voilà traîné sur la fameuse guillotine
qui conclut ses concerts depuis trente ans.
Le public n'y voit que du feu. La tête d'Alice
tombe dans le panier et la voilà portée en triomphe
par un ignoble bossu alors que retentit "I love the dead".
La danseuse place la tête en plastique sur le corps qui
attendait dans le cercueil. Et voilà qu'au milieu d'un
éclair et dans la fumée, le vrai Alice Cooper bondit
du cercueil, bien vivant et vêtu de sa célèbre
redingote et de son haut-de-forme blancs. Tous ces rebondissements
aboutissent logiquement à l'inévitable "School's
out", le hit légendaire qui termine la première
partie du show, avec d'énormes ballons remplis de confettis
qu'Alice transperce de son épée.
Ah là là, les amis! Quel spectacle!
Mais il y a encore le rappel avec trois titres sillonnant diverses
époques : "Poison" (de l'album "Thrash"
de 1989), "I wish I was born in Beverley Hills" (de
"From the inside" de 1978, enfin une chanson de cet
album sous-estimé) et un fabuleux "Under my wheels"
(du "Killer" de 1971). Une blonde en tenue de plage
se promène avec un chien en peluche et se fait tabasser
par des paparazzi indélicats, Alice récupère
son sac et son chien et quitte la scène en jouant les tapettes.
On peut dire qu'on en a eu pour notre argent.
Il est temps de le répéter sur tous
les toits : Alice Cooper a toujours la patate d'enfer et il peut
venir à tout moment vous découper en rondelles avec
ses chansons de Père Fouettard du Rock!
François.
Alice Cooper est une date qui s'attend toujours avec
une grande impatience. On ne présente plus le Monsieur, dont
le grand talent, ainsi que celui de son groupe n'a rien à
prouver, à noter la présence épisodique d'Eric
Singer qui officie dans d'autres groupes, principalement Kiss, l'un
des plus grands batteurs du monde à mes yeux.
Quelle bonne surprise de savoir que la première
partie n'est autre que le groupe lyonnais Revenge !
Dix ans d'existence, un public fidèle et
enthousiaste, Revenge attaque d'emblée et assure devant
un public à l'Olympia un peu statique de prime abord, mais
de plus en plus réceptif au fil du show.
Le fait d'être assis freine un peu l'ambiance
par rapport aux concerts habituels places libres où le
public headbangue en rythme, la banane jusqu'aux oreilles en chantant
le heavy métal et le rock n'roll en mêlant l'amitié
et l'humour. De tout bon, des riffs du tonnerre, des musiciens
excellents : Revenge (trois albums à leur actif, bientôt
quatre, leur l'influence est du côté d'Accept, AC/DC,
Kiss, Pretty Maids, Dokken...) n'en finit pas de nous enthousiasmer.
Secouage de moumoutte en règle, on était placé
tout en haut, et j'ai trouvé que le son était très
bon.
Longue vie à Revenge !
Marjorie.
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