Philip Catherine, 11/11/2002, Les Beaux-Arts de
Bruxelles.
"Bon anniversaire Philip". Voilà
comment le concert a commencé!
2500 personnes réunies au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
pour célébrer le soixantième anniversaire
de Philip Catherine; le guitariste belge le plus connu au monde.
Mais contrairement aux usages, c'est lui qui nous a offert le
cadeau, un gâteau d'amour, de retrouvailles, de bonheur
que nous ne sommes pas prêts d'oublier.
Avant d'en allumer les bougies, il peut être
bon de jeter un oeil sur le parcours atypique de ce jazzman.
Après des débuts en 1959 avec Lou Bennett et Sadi,
il est engagé dans les années 70 dans le quintet
de Jean-Luc Ponty avant de former dix ans plus tard un trio aux
résonances jazz rock avec Didier Lockwood et Christian
Escoudé.
Partenaire attitré du trompettiste Chet Baker en Europe,
invité régulier de Stéphane Grappelli et
même du grandissime Charles Mingus (Three or four shades
of blues), Philip Catherine constitue à lui seul une encyclopédie
du jazz de par ses multiples rencontres musicales mais aussi par
ses nombreuses compositions personnelles.
Son grand sens de l'harmonie, ses qualités de mise en place
d'accords rares et de lignes de basse percutantes lui ont toujours
permis d'imposer son imagination bien au delà de la simple
rigueur de jeu.
C¹est donc une légende vivante qui
se fit plaisir en interprétant sur scène de nombreux
titres de son répertoire des années 80 mais aussi
plusieurs extraits de ses deux derniers albums enregistrés
pour le label français Dreyfus (les disques de son retour
au premier plan sur la scène du jazz ).
Mais il est peut-être temps de goûter
au superbe gâteau d¹anniversaire que Philip Catherine
avait décidé de couper en quatre parts.
La première partie du concert fut consacrée à
son quartet. L'excellent bassiste Philippe Aerts revenu des Etats
Unis et récemment auréolé d'un Django D'Or,
le batteur Joost Van Schaik et Bert Joris le trompettiste à
la sonorité éclatante mais aussi émouvante
nous montrèrent combien ils étaient rodés
aux variations mélodiques du guitariste, passant sans difficulté
de ballades (Postman ) au swing (Hello George).
Le deuxième set fut l'occasion de retrouver
un vieux complice du jubilaire, le saxophoniste Charlie Mariano
( 79 ans le lendemain) pour des interprétations pleines
de sincérité, d'émotions et de chaleur (Twice
a week ).
La troisième partie fut peut-être
la plus surprenante avec l'arrivée au piano de Bert Vandenbrink
(retenez le nom de ce pianiste hollandais ), accompagnateur de
Toots Thielemans, et qui par son jeu plein de force, son touché,
ses qualités de mélodiste et aussi grâce à
la complicité du bassiste Heyn Van de Geyn nous laissa
pantois d'admiration . A commencer par Philip Catherine complètement
sous le charme de ce pianiste aveugle.
L¹autre surprise de ce set fut certainement
la présence du batteur américain Alvin Queen qui
nous donna une leçon de batterie .
Sa façon de jouer avec le métal et les peaux, son
habilité à utiliser tous les timbres des fûts,
sa douceur mais aussi sa grande précision, sa complicité
avec Philip Catherine fut certainement l'un des moments les plus
festifs de la soirée.
Enfin il était temps de manger le gâteau
et tous les artistes revinrent sur scène en compagnie de
l'autre gloire nationale du jazz belge : Toots Thielemans qui
offrit à notre guitariste un morceau plein d'émotion
crée au départ pour son propre père (Old
friend).
Les bougies étaient soufflées, le
big band termina cette soirée variée, hyper cool,
rebondissante de bonne humeur et de grands moments de jazz.
Il était temps de nous retirer sur la pointe
des pieds pour laisser Philip Catherine revivre une part de sa
carrière dans l'intimité de la post soirée.
Bon Anniversaire Philip. Merci pour ce superbe concert.
Etienne.
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