Festival des
Vieilles Charrues, 22, 23 et 24 juillet 2005.
Dimanche 24 juillet
C'est déjà dimanche, et le festival
se réveille avec difficulté. Le site, et le camping
avant tout, portent encore les marques de la terrible journée
d'hier. C'est vers 15 heures que l'on assiste à la première
" vraie " surprise du festival, avec le concert de Tinariwen.
Ce groupe malien propose une musique bien différente de
celle d'Amadou et Mariam. Issus de la culture nomade, Tinariwen
a offert aux festivaliers un blues touareg qui brille autant par
son originalité que par son génie. Une vraie sensation
!
Après Nosfell, son univers musical
si étrange et sa langue inventée de toute pièce,
on se retrouve sur la scène Glenmor pour ce qui sera l'un
des meilleurs concerts de cette édition des Vieilles Charrues,
celui de Bernard Lavilliers. Dès les premières
notes, on sent que tout le vécu, toute l'expérience
acquise par Bernard Lavilliers, est au service de sa musique :
un son coloré, chaud et toujours aussi original malgré
les années. Tous les tubes de Lavilliers étaient
comme une invitation au voyage. Le public a reçu une véritable
leçon de musique, jamais théorique mais toujours
illustrée. Un moment d'anthologie !
A côté, même s'il a fait bonne
impression, Michel Delpech n'a pas réussi à
atteindre ce niveau de communion avec le public. Sa prestation,
bien que très honnête, n'avait pas ce petit plus
qui a fait toute la saveur et le piquant du concert de Bernard
Lavilliers. Et ce malgré un répertoire très
fourni.
Une fois terminé, c'est Tiken Jah Fakoly
qui prend le relais. Fort du succès de son album Françafrique,
Tiken Jah est devenu un vrai phénomène. Ses concerts
en sont la preuve : très actif sur scène, il ne
cesse de faire des allers/retours et de faire participer la foule
massée devant lui. Cela explique donc la réceptivité
du public français au discours politique de l'artiste,
à tel point que le concert se transforme parfois en meeting,
ce qui est déplorable. Mais ça fait partie du personnage.
S'en suit le concert de Rachid Taha, très
spontané, qui embrasa vraiment la fosse en reprenant Rock
the casbah des Clash, avant d'enchaîner sur son tube, Ya
Rayah.
En même temps, les plus chanceux auront
pu découvrir sur la petite scène un groupe de rap
de Newport complètement déjanté :
Goldie Lookin' chain. Ils offrirent un concert aussi inattendu
que spectaculaire, aussi drôle que pathétique. Bref
! Un grand moment !
Le soleil commence à disparaître
quand Franz Ferdinand fait son entrée sur la scène
Glenmor. Doté d'un excellent jeu de scène, le groupe
enflamme la foule avec ses riffs saccadés et ses airs aussi
accrocheurs qu'accrochés. Ils rentrent directement dans
leur sujet sans faire de détours : c'est l'extase, les
corps bougent machinalement. Nos oreilles se souviennent encore
des cris suscités par les premiers riffs de l'inévitable
Take me out.
Alors que le concert n'est pas fini, tout semble
fin prêt sur la petite scène pour accueillir Kool
Shen, véritable père spirituel de toute une
génération du rap. L'organisation n'a pas voulu
lui donner une grande scène pour sa tournée d'adieux
? Tant pis, il mettra le feu quand même. Le concert n'est
pas commencé et la messe est déjà dite :
c'est énorme. Il n'y a plus une place, plus un centimètre
de libre, on suffoque presque. Quand Kool Shen, accompagné
par Sérum, débarque avec On a enfoncé des
portes, c'est l'émeute, l'explosion. Il est très
touché, et ça se sent. Il est décidé
à nous faire plaisir, autant que nous sommes décidés
à lui renvoyer notre joie et notre fierté d'être
ici. Du coup, Kool Shen nous offre des reprises de NTM telles
que " Seine-Saint-Denis style " et " On est encore
là ". Mais, nouvel album oblige, la majorité
des titres est tirée de Dernier round, à l'image
de Two shouts for my people qui a fouetté l'assemblée.
Enfin, TTC et leur rap très (trop
?) décalé et Laurent Garnier ont été
désignés pour refermer cette édition qui
nous laissera beaucoup de bons souvenirs. On s'y voit déjà
l'année prochaine !
Malgré la baisse de fréquentation
dont se plaint l'organisation (on l'estime de l'ordre de 20 à
30 % en moins), 150 000 festivaliers étaient présents
à Carhaix, et ce malgré la pluie ! Mais des renforts
sont attendus l'année prochaine, car un jour de plus est
prévu et (surtout !) Johnny Hallyday est prévu au
programme, pour les 15 ans du festival ! Et ceci n'est pas une
blague !
Xavier.
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