Lhasa, 15/03/2004, Théâtre Sébastopol
de Lille.
Lhasa ne se présente pas car elle nest
pas une artiste. Lhasa est une sorte de petit prince de Saint-Ex
avec la touche triste de Tim Burton. Lhasa quand elle arrive sur
scène a tout dune sorcière maléfique
toute de noire vêtue. Une veuve andalouse croquée
par Hugo Pratt. Cassée, fendue mais résistante aux
chemins éclairés. Elle apporte sa goutte deau
dans limmensité de locéan mais grâce
à elle cest tout le vase qui déborde démotions.
Lhasa, est tel un bout de charbon recelant dans
son fort intérieur un diamant brut : coupante, glaçante
mais merveilleuse. Rien de mieux que de la voir avec ses musiciens
sur scène pour sen rendre compte. Dune voix
si forte dès quelle se met à chanter ses éblouissantes
chansons, elle perd toute assurance et redevient une petite fille
fragile pour expliquer justement la genèse de son chant,
de son être, de ses musiques si tristes et si belles à
la fois.
Elle tremble en paroles et fait peur dans ses
confessions, comme une sorte de catharsis à nos culpabilités.
Ses musiciens vont de concert avec elle dans le fond de lâme.
Musicalement parfaits, ils aiment aux vues de leur gaieté
à jouer en compagnie de cette si grande-petite dame, cette
marée haute quelle repousse de toutes ses forces.
Lombre de cette chanteuse sincruste dans les murs
de la salle, et la lune, si brillante, vient éblouir la
soirée. Lhasa arrive dans chaque ville, y puise le meilleur,
chante et repart en laissant quelque chose, là, à
terre : du bonheur simplement.
Pierre.
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