Louis Ville, 20/01/2005, Lille le Biplan.
Ce jeudi, la forme de ma vie prenait des allures
d'eau de boudin. Les impôts me réclamaient des sous,
l'évier de la salle de bain était bouché
par les longs cheveux d'une femme indocile aux lois de la mécanique
des tubes, je n'avais donc le goût à rien. Heureusement
sur les coups de 22 heures, dans les caves du Biplan (scène
lilloise que je ne saurais trop recommander), une cigogne de chanteur
au charisme de buffle m'a redonné le sourire.
Comme une sorte de délivrance il s'est
accaparé mes problèmes et m'a permis pendant deux
heures de me sentir vivant. Ce monsieur s'appelle Louis Ville.
Je sais, je vous ai déjà fait 200 fois le coup du
chanteur parfait au leitmotiv indépendant qui emballe les
foules dans nos genres, nous les insoumis de la terre. Et je vais
être obligé pour vous faire flasher d'utiliser des
poncifs, des comparatifs avec notre galerie d'artistes communs.
Qui est Louis Ville ? Je ne sais pas très
bien mais je meurs d'envie de le rencontrer. Sur scène
il " dépotte ", ça gueule, ça chiale
et c'est bon. Quant au disque c'est relativement plus calme, plus
léché mais tout aussi corrosif. C'est un mélange
d'Arthur H (pour la voix), d'Arno (pour la présence) et
de Brel (pour tout l'univers). Mais vous dire ça c'est
vous mentir : ce garçon c'est lui, avec des tripes, un
cur et des couilles qui aiment les femmes et les hommes
insoumis. Un parc d'extraction de nos misères avec ses
réverbères où les chiens pissent, des hôtels
pourris ou s'échouent des inconnus aux doux sentiments.
Sa captivante musique rock arabisante surlignée d'un blues
de la Nouvelle-Orléans. Il est accompagné par deux
acolytes (basse/batterie) qui font un boulot du diable.
Alors vous dire d'aller le voir en concert c'est
une évidence. Ce n'est même pas un conseil c'est
un devoir. Comme c'est bon de chanter " Le Gros Con "
en pensant à la grosse blonde de 2002, en prévenant
l'avenir du petit Nicolas et en priant que cette chanson ne soit
pas autobiographique. Après tu peux chialer la bière
à la main tellement c'est bon
. J'aurais juste une
doléance à exprimer au Biplan, pouvez vous libérer
la charmante personne qui tient la caisse lors du prochain concert
de Louis Ville afin qu'elle puisse profiter elle aussi du charisme
de l'animal, sinon c'est intolérable de devoir souffrir
assise sur une chaise loin du bruit et de la fureur, loin du bonheur.
J'ai une pensée pour vous Mademoiselle.
Pierre.
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