Machine Head, 28/05/2004, Ancienne Belgique (Bruxelles).
Rien de tel pour commencer le week-end qu'un petit
concert de métal, n'est-il pas ? Arborant fièrement
un tee-shirt Iron Maiden (celui de la première bataille
de Bercy en 2003), je pénètre dans une Ancienne
Belgique à la population assez fluide.
Mon dilemme était de savoir si j'allais
voir Machine Head en action tranquillement planqué à
un balcon ou dans la fosse, au ¾ vers la droite, sur la
barrière, comme d'habitude (l'endroit où on voit
encore la trace de mes dents lors du dernier passage de Motörhead...).
Décidé à tâter l'ambiance
de la salle avant de faire un choix, je me retrouve brutalement
confronté au set de Dagoba, qui assure la première
partie de la première partie. Ce petit groupe français
a l'air assez prometteur, à condition de persévérer,
de se démarquer de l'influence Machine Head, de se tatouer
les avant-bras, et surtout de boire de la bière entre les
chansons au lieu d'eau minérale. J'espère qu'ainsi
on parlera un jour du bon roi Dagoba (désolé)...
Puis un autre groupe entre en piste : les Belges
de Arkangel. Question de chauffer la salle, j'ai vu mieux. Les
types jouent du sous-Slayer, le chanteur hurle comme un goret
qui se serait pris les parties dans une moissonneuse-batteuse,
le bassiste ressemble à John Entwistle à 22 ans
(pour ce qui est de la tête mais malheureusement pas des
doigts), le batteur a un look d'étudiant des Arts et Métiers
à chemise à carreaux et a la fâcheuse habitude
de balancer ses baguettes dans le public, mais trop court, ce
qui m'oblige à l'observer en permanence pour vérifier
qu'il ne va pas me décocher ses bâtons directement
dans la gueule, vu que je suis dans sa ligne de mire. Et le gratteux
aligne des riffs à la Kerry King, tout en portant un T-shirt
Kiss (on ne rit pas).
Après cet exercice de fine plaisanterie
apocalyptique, les roadies du Head installent un matériel
qui promet : Gibson Flying V, batterie rutilante, tentures à
l'effigie du logo de Machine Head et de la couverture du dernier
album. Vient le moment angoissant où les roadies disparaissent
et où les lumières s'éteignent peu à
peu : le calme avant la tempête, le petit matin gris avant
l'offensive soviétique d'hiver...
J'ai réussi à attraper la barrière
des deux mains, ce qui va me permettre de résister à
la furie d'un public en état de combustion. Je remercie
également le ciel de ne pas avoir devant moi ce solide
Flamand de 1m94 qui trône fièrement en première
ligne.
Sur l'air gothique de la musique de "La malédiction",
Machine Head se faufile dans la brume des fumigènes et
assaille l'Ancienne Belgique avec "Imperium", le titre
qui ouvre son dernier album "Through the ashes of empires".
Cet album phénoménal sorti en 2003
annonçait logiquement des concerts monumentaux. Et ça
ne rate pas : la salle est mise à sac, rétamée
par un combo en forme olympique. Robb Flynn, petit par la taille
mais grand par la voix, entraîne une équipe survoltée,
le bassiste Adam Duce ressemble à un Morlock en état
d'ébriété et pilonne des riffs de plomb sur
sa basse.
L'ambiance est aussi dans la salle, où
un mosh pit hallucinatoire se déverse en pogos homériques
et en avalanches de slammers. Jamais vu autant de mecs passer
au-dessus de ma tête. Un barbu malingre torse poil va venir
s'écraser une dizaine de fois dans la fosse, tenu par une
équipe de sécurité en perpétuelle
agitation.
La bande à Robb Flynn écrabouille
littéralement le public sous un déluge de fonderie
et d'énergie débridée. Une sauvagerie bon
enfant règne dans la salle et le bon Robb n'arrête
pas de remercier Bruxelles pour sa folie exemplaire, visiblement
stupéfait par la furie développée par le
public belge (et français, en ce qui me concerne).
Face à la pluie de slammers, il valait
mieux baisser la tête et ne pas être trop grand, comme
le Flamand de 1m94 qui finit la gueule en sang pour cause de Rangers
prises en pleine tête. Je m'en sors mieux que lui en me
faisant arroser d'eau minérale par Robb Flynn en personne
(c'est autre chose que le goupillon du curé lors de l'"Asperges
me"...).
En transe, le public exulte au cours des deux
rappels qu'un Machine Head enchanté livre pour le plus
grand plaisir des petits et des grands. "Descend the shades
of night" (le morceau qui clôt "Through the ashes
of empires") est suprêmement interprété
et la reprise du "Creeping death" de Metallica lors
du second rappel met tout le monde d'accord : Machine Head est
de retour, puissant comme jamais, et il va falloir compter avec
lui.
On se croirait revenu à la grande époque
de "Burn my eyes". Après avoir supporté
une dernière salve de slammers et un ou deux stage-divers,
je peux rentrer content chez moi, d'autant plus que j'ai mis la
main sur un mediator balancé à la foule par les
roadies en train de démonter la matériel. Bref,
pour résumer tout ce bavardage, ce fut la baffe...
François.
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