Ursus Minor / Rap et Chant, 19/01/2003, Théâtre
Romain Rolland Villejuif (festival "Sons d'Hiver" du
17 janvier au 08 février 2003).
Pour sa douzième édition, le festival
"Sons d'Hiver", axé sur l'ouverture et la rencontre
des genres, tient encore une fois ses promesses avec une programmation
riche en uvres originales. D'Yvette Horner (variété
française) à Dead Prez (hip hop US indépendant),
cette manifestation ouvre au grand public les portes de nombreuses
salles de spectacle du Val-de-Marne. La création et la
rencontre d'artistes issus de cultures différentes y tiennent
une place importante.
En ce dimanche 19 janvier, il ne fallait pas manquer
une soirée qui illustrait parfaitement la finalité
de "Sons d'Hiver" : "Ursus Minor", ou "Comment
entrer dans le 21ème siècle sans perdre la mémoire
?". Cette création, orchestrée par des artistes
anglais, français et américains, nous a transporté
des sources du free-jazz aux contrées de la soul, en passant
par un rap radical. Les représentants d'un hip-hop new-yorkais
indépendant (M-1 et Stic-Man de Dead Prez, Boots Riley
de The Coup) ont ainsi pu donner la réplique aux défenseurs
d'un hip-hop français indépendant (le rappeur-slameur
D' de Kabal et l'intenable Spike du groupe Antagony).
Le quatuor baptisé "Ursus Minor",
composé de Tony Haynes (piano), de Jef Lee Johnson (guitare),
de François Corneloup (saxophone) et de Dave King (batterie),
a débuté la soirée par une séance
de free-jazz endiablé. Ils ont ainsi fait découvrir
au public un jazz fusion, à l'encontre de tous les classicismes
et dans lequel ils ont pu expérimenter des rythmiques originales.
La partie Rap et Chant, en faisant se croiser les textes et les
formes d'expression, donna naissance à un mélange
de poésie et de messages politiques, régulièrement
ponctués des chants envoûtants de la belle Ada Dyer.
La qualité des prestations scéniques
mérite que l'on retienne quelques moments forts. Le refrain
entonné dès le premier titre par les rappeurs new-yorkais
"Burn your flag", et repris en français par D'
et Spike, donna le ton à cette soirée enflammée.
La performance du rappeur D', dont la profondeur de la voix et
les textes poétiques ont ému et interpellé
la salle, a servi de fil conducteur à la création.
La reprise du titre de Steve Wonder "Surperstitious"
sur des riffs de guitare de Jeff Beck, "special guest",
reste l'un des meilleurs moments de ce spectacle.
Le rapprochement de différents horizons
et les intéractions entre des styles vocaux différents
furent les réussites de cette création. Les artistes
de cette soirée inédite ont ouvert d'une manière
originale une réflexion sur l'entrée dans le 21ème
siècle en proposant une réponse artistique plurielle.
Ce spectacle a été enregistré en studio et
sera prochainement disponible en CD. En attendant, D' sort au
printemps prochain un album très attendu : "Contes
Ineffables". Le festival continue avec des programmations
toujours aussi riches et variées jusqu'au 8 février
.
Nina.
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