En ayant travaillé
avec elle auparavant sur Mustango, en sachant qu'elle était
très coté à New-York comme la plus belle voix
de la ville, en ayant une amitié forte avec elle, c'était
logique de l'appeler sur ce projet qui peut se résumer comme
" une américaine à Paris ".
Jennifer
Charles avait déjà participé à un disque
de " sentiment " avec Dan The Automator et son 'Lovage'.
Est-ce dû au côté sensuel et charnel de sa voix
?
Il n'y a pas que dans sa voix, c'est une fille sensuelle en action
24 heures sur 24.
Finalement
vous n'avez plus besoin d'aller fantasmer sur PJ Harvey, vous avez
le bel écrin d'Elysian Fields (nom du groupe de Jennifer
Charles) ?
C'est marrant, elles se connaissent
. Mais Jenny est autrement
plus sexy que PJ Harvey.
Par
contre PJ Harvey vous ressemble dans sa façon de travailler
?
Elle aime bien ce qui est brut, comme moi, mais elle doit être
plus intello depuis qu'elle a quitté son royaume pourri d'Angleterre
pour aller frayer au milieu des intellectuels new-yorkais. Là-bas
il a beaucoup de poses et d'attitudes. En plus elle est en ménage
avec Vincent Gallo qui est l'archétype de l'intello qui ne
veut surtout pas être pris pour un intello mais qui en est
quand même un à fond ! Mais bon, pourvu qu'elle s'amuse
et fasse de bons disques, sa vie privée nous regarde assez
peu finalement (rire).
Jennifer
Charles comprenait-elle toujours tout ce que vous lui faisiez
chanter ?
Je lui ai tout expliqué (rire), " Monsieur prend
à la sauvette " par exemple, elle voulait absolument
une explication. Je lui ai donné parfaitement tout
l'éclaircissement, lui expliquant aussi la " Levrette
". Elle est très dégourdie, très
cultivée. Elle a de très bonnes bases de latin,
d'espagnol et d'italien. Elle prend des cours d'étymologie
et devient une très fine mouche en langues.
Comment
avez-vous fait pour mijoter une dualité homme-femme
si souvent usitée en matière musicale sans tomber
dans le convenu ?
Le meilleur moyen c'est de ne pas y penser. J'avais en ligne
de mire Jenny qui n'est pas conventionnelle du tout. Je n'aime
pas trop les clichés. En sachant qu'éviter les
clichés est une façon de tomber dans un cliché
aussi
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Viens
ensuite ce " Mashpotétisés " ou comment
régler certains comptes avec la culture musicale des yéyé
?
Je les appelle " Les Machins ", toute la culture de l'ersatz
français. Le peuple français est le conglomérat
qui reprend le plus des choses américaines avec des chanteurs
aux noms débiles comme Dick Rivers, Eddy Mitchell ou Johnny
Hallyday. La moitié des français pense qu'Elvis Presley
a tout piqué à Johnny. Ce qui explique la misère
de la variété ici. On confond le vrai et le faux.
On prend Claude François pour James Brown.
Sacha
Distel a tué Burth Baccarach ?
Par exemple. Je me souviens que le jour où j'ai écouté
un vieux Phil Spector avec Da do run run en version originale, ma
mère rentrant chez moi m'a demandé qui avait repris
la chanson de Sylvie Vartan. La culture de l'ersatz a complètement
faussé le jugement de beaucoup de gens. C'est le terreau
où pousse encore, de nos jours, la variété
française. Ils sont tous dingues et l'arrogance de ces gens
qui n'ont pas de culture musicale est très comique. Mes amis
anglo-saxons rigolent bien en tout cas.
Heureusement
il reste des irréductibles gaulois dans votre trempe ou plus
récemment Cali ?
Oui. C'est sur la durée que la différence se fait.
Le plus difficile c'est qu'au deuxième
cinquième
dixième album il ne faut pas baisser les bras.
En
évoquant les armes en berne, est-ce que les histoires d'amour
se terminent comme dans l'album, par l'anéantissement d'un
cur ?
Les histoires d'amour finissent mal en général.
En
écoutant votre album on a l'impression que ce disque est
votre " Paris au mois d'Août " ?
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