Fred, c'est
mon grand copain, et faire un album je considère ça
comme une performance. Il faut être au top physiquement et
psychologiquement. Comme dans une réunion d'athlétisme.
La durée d'enregistrement va assez vite, il faut être
très affûté. J'aime bien la notion sportive
qu'il y a dans mon job, notion qui se perd de plus en plus d'ailleurs.
Exprimer mon côté compétiteur dans la discipline.
Faire des challenges, des coups de force. Je trouve que Lilith est
une forme de performance où je me suis donné comme
un marathonien se donne un temps.
Cette
rapidité d'enregistrement, là considères-tu
comme nécessaire à ce que tu veux voir émerger
de ton esprit ?
Oui ! Sinon on se perd. Si je vais vite c'est que je travaille beaucoup
avant tout seul. J'évite de faire plus de deux prises sur
une chanson.
Pourquoi
?
Parce que souvent dans la première prise il y a un charme,
sentiment qui se dissipe au fur et à mesure des enregistrements.
Prendre
le temps pour enregistrer un album c'est quelque chose de concevable
pour toi ?
J'aime bien que cela aille super vite. Je ne supporte pas la lenteur
dans le travail. Il faut que cela dépote. Perdre mon temps
est un vrai calvaire en studio. Je peux être un chien dans
ce cas là.
Avec
Lilith on dirait que tu en avais marre de cette image de chanteur
terrien qui te colle au bottes ?
L'album est plus citadin. Le chanteur Auvergnat c'est une
image un peu commode mais je commence à en avoir marre
Je me sens plus proche du Mississipi que de l'Auvergne. Il
faut rétablir les choses.
La
différence entre toi et Gérard Klein c'est que
chez toi on sent qu'il y a du concret derrière cet
attachement à la terre.
Lui il me fait rigoler. Il se la donne. On dirait Marie-Antoinette
à Versailles avec ses moutons.
|
|
Le
cri du Papillon, premier single, fait étrangement penser
à un groupe qui a de nombreuses similitudes avec ta façon
de penser la musique : les Littles Rabbits. Eux comme toi, vous
êtes très attirés par la musique qui vient d'Outre-Atlantique.
De toute façon, tous les gens qui font de la musique et qui
branchent une guitare électrique, dans la mesure où
les grands chefs-d'uvre ont été faits là-bas
le sont
Déjà, je joue sur un ampli Fender, une
guitare Fender. C'est la couleur US. Je connais peu de luthiers
français.
La
musique est aussi une histoire d'objets ?
Tout à fait. La musique que j'aime c'est le contrôle
de la saturation. La musique électrique mais qui sature.
Le contrôle de la saturation est fondamental. J'ai une collection
de guitares, je mets mon fric là dedans et c'est vrai que
je passe un temps fou à trouver les bons sons. Sur cet album
là j'ai passé plus de temps à réfléchir
au matériel utilisé qu'à écrire les
textes.
D'ailleurs
tu dis souvent que tu fais de la poésie comme tu pisses.
Suite
|