Cet album n'est pas une B.O.F mais un disque de cinéma
tout de même. Celui de Jeanne, la reine incontestable, celle
qui se cache derrière un paravent d'excentricité
mélangée à une froideur jouée.
Ce projet artistique, en compagnie de Rodolphe Burger, brille
d'une beauté non-évidente. Jeanne sait enjôler
son auditeur et faire crisser ses ongles sur le tableau. Un album
mouvant : Hélas, en duo avec Maggie Cheung, une reprise
de Johnny Guitar, puis de Torture pour synthétiser cette
calliope cinématographique.
Album d'une femme gracieuse, aussi bien dans ses personnages
que dans ses choix artistiques. Avec sa voix grêleuse on
pouvait attendre un phrasé lent et monotone mais c'est
une voix de source, fluide, envoûteuse et haute perchée
qui surprend à la première écoute. On la
sent facile sur les titres qu'elle écrit et chante en anglais,
fragile sur ses propres compositions françaises comme Rose
ou encore Ne change rien.
Mais c'est bien les mots de Pierre Alferi alias Thomas Lago (parolier
de Kat Onoma) sur Le tour du monde ou Pas Dupe, qui remportent
la palme. Caudataire de la belle, Rodolphe Burger enrobe sa muse
d'un drapé tout en finesse. S'il ne l'aime pas par amour
c'est en tout cas un beau cadeau qu'il lui propose et qu'elle
lui offre en retour.
Toutes ses chansons parlent d'amour, celui qui l'émeut
ou la met en émoi. Une vraie découverte, Jeanne
ajoute une corde à son immense arc et propulse sa flèche
dans nos curs émus.
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