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Louise Attaque - A plus tard crocodile.

Atmosphériques / Universal - Rock.

Louise Attaque

  1. La traversée du désert
  2. Revolver
  3. Shibuya station
  4. Sean Penn, Mitchum
  5. Si l'on marchait jusqu'à demain
  6. Salomé
  7. Si c'était hier
  8. Oui, non
  9. Nos sourires
  10. Depuis toujours
  11. A l'envers
  12. ...

La drôle d'histoire des Louise leur a permis de faire un nouvel album rempli de bonnes choses et de petites histoires à raconter avec toujours autant de brio. En effet, les divergences de vues artistiques et personnelles qui ont fait de ce groupe un quatuor off se cherchant pendant six ans dans divers projets (Tarmac, Ali Dragon) les ont rendus sûrement plus forts.

C'est à travers un voyage pour une tournée en Russie, en Inde et en Amérique du sud (de mars à mai 2005) que l'envie d'enregistrer ensemble s'est de nouveau manifestée. De bribes d'idées, en morceaux hachés, c'est un long périple qui s'achève avec ce A plus tard crocodile. De là tout s'est mis en place pour le retour au premier plan de ces garçons qui soufflent sur le vent.

Les aficionados seront peut être surpris de trouver de longues plages de programmations, des recherches musicales que l'on n'avait pas l'habitude d'entendre chez eux comme sur La nuit ou bien La valse. Un fourre-tout agencé de manière parfaite qui s'apprécie sur la longueur.

Faisant table rase de leurs premiers amours et d'une collaboration avec Gordon Gano, c'est vers New-York et le mythique studio Electric Lady en compagnie du producteur Mark Plati qu'ils mettent sur disque leur réveil céleste. La voix de Gaétan Roussel roule toujours comme un caillou plaintif ballotté par une mer déchaînée mais prend le risque aussi d'une maturité arabisante sur Salomé. Le violon porté sur les cimes par Arnaud Samuel est inlassablement présent et le reste du groupe c'est à dire Robin et Alex font du bon boulot partout où les titres les envoient, avec un pic de fraîcheur qui s'intitule Nos sourires et une vallée luxuriante : Depuis toujours. Des paysages sonores divers et variés qui présagent des prestations live de grande qualité.

Restant toujours comme ils le disent, malgré les virées alter mondialistes, un groupe de France, la magie et les sorts n'y feront rien : c'est vers la fièvre psychotique du premier album joué fort et bien que retourne le groupe. Louise Attaque a franchi le cap de la maturité, elle n'est plus cette adolescente insouciante mais une femme parfaite qui fait saliver la musique les soirs de déprime.


Six ans qu'on l'attendait, cet album. Six longues années à se satisfaire ou presque des fantaisies electro-fourre-tout d'Ali Dragon et des flâneries baladines de Tarmac. Six ans à réécouter les galettes primitives, devenues légendaires. Ces deux premiers albums, aussi différents l'un de l'autre qu'égaux dans leur génie, on les a écoutés jusqu'à la corde, sans jamais les user.

Puis la nouvelle de leur retour, il y a six mois, a fait vibrer des milliers de ventricules. A peine autant de mois à attendre que d'années déjà passées, c'était encore trop. La rumeur faisait son œuvre. Concerts enthousiasmants, presse dithyrambique.

5 septembre 2005. A plus tard crocodile débarque à l'abordage de milliers de pavillons auditifs, pour les mettre en déroute.

Dix-huit plages s'enchaînent, en une volupté évanescente, une odyssée où l'on s'oriente à l'oreille, qui ne s'y retrouve plus. Oubliés les tubes imparables, les morceaux formatés au mieux, les bornes bien senties. Finies, les envolées lyriques d'un violon virevoltant. Ici, il se fait discret mais omniprésent. Il susurre au lieu de claironner, habillant de manière suave la voix d'un chanteur qui épouse cette même discrétion.L'expressionnisme vocal n'est plus le mot d'ordre.

En somme, tout a évolué. Louise Attaque a digéré ce dont Tarmac l'a nourri, tranquillité et poésie en tête. Adieu la fougue musicale, pleine d'amour et de mal-être, de leurs débuts musicaux ; on vous présente un disque d'orfèvre, où tout s'imbrique avec précision. Un disque brillant, poli, irréprochable. C'est-à-dire lisse, duquel ne se dégage aucun morceau de bravoure.

Et nous voilà sereins, sûrs qu'il ne pourra plus rien advenir à un groupe qui maîtrise tant son art. Rien, et surtout pas, à notre grand désarroi, un regain d'adolescence. La maturité n'est-elle pas un gros mot, dans le rock ?

Demeure en tout cas ce sentiment inavouable, ambigu, d'une déception que l'on se reproche de ressentir, parce qu'elle gâche le plaisir des retrouvailles avec un opus qui ne mérite pas d'être mal-aimé…

 


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