
Il y a quelques
semaines, le pianiste italien Stefano Bollani était de passage
en Belgique pour un concert en solo au Flagey. L'occasion unique
de rencontrer, quelques heures avant son concert, cet humaniste
pétri d'humour et de bonne humeur.
Venez-vous
d'une famille de musiciens ?
Non pas vraiment, mais mon père écoutait de la pop
ainsi que Sinatra et Dean Martin. C'est dans cette musique que j'ai
été élevé.
Dès
lors, comment êtes-vous devenu musicien ?
J'ai décidé
à l'âge de six ans de devenir chanteur. Mais
mes parents m'ont conseillé de commencer par l'étude
du piano. A douze ans, j'étais fan de Renato Carosone,
un pianiste de ragtime et de boggie mais surtout le compositeur
de " Tu vuo fa l'americano" (repris par Dany brillant
en français). Je lui ai envoyé une cassette
où j'interprétais ses compositions et il m'a
répondu que c'était bien mais que je ferai mieux
d'écouter du jazz et du blues. Aussitôt dit,
aussitôt fait. J'ai écouté du Parker,
du Coltrane et tout le jazz des années 50.C'était
drôle ! Un ado qui écoute Parker alors que ses
copains étaient branchés sur Duran Duran.
Du
piano à la scène ?
|
|
A 15 ans, j'ai
commencé à jouer avec des gens plus âgés
que moi. J'ai terminé le conservatoire et ai accompagné
dans toute l'Europe un chanteur de rap italien très connu.
Mais ce n'était pas vraiment ma musique. C'est alors que
j'ai rencontré le trompettiste Enrico Rava qui a l'âge
de mon père. Il m'a dit que je n'avais pas besoin de jouer
ce répertoire. Que ce n'était pas ma famille. J'ai
donc stoppé et depuis cette rencontre, je n'ai plus jamais
joué une musique qui ne me plaisait pas. Grande et sage décision.
Vous
semblez toujours en forme sur scène. D'où tenez-vous
cette bonne humeur ?
De la chance que j'ai eue jusqu'ici dans ma vie. La musique
est un plaisir énorme et il existe peu de métiers
où on est payé pour faire ce qu'on aime. Peu
de gens ont la chance de s'amuser en travaillant. Pour moi,
c'est un devoir de transmettre cette bonne humeur et ce bonheur.
Je ne comprend pas toujours la "tête sérieuse
"de certains jazzmen.
Etes-vous
ainsi dans la vie ?
Je pense et j'espère en toute modestie que ma musique
est à mon image.
|
|
Il
y a quelque chose de Roberto Bellini dans vos concerts !
Jolie comparaison qui me flatte. Beaucoup de journalistes en Italie
n'apprécient pas ma façon de me présenter même
s'ils aiment ma musique. Mais ce n'est pas grave car on ne peut
pas plaire à tout le monde. Personnellement, même si
j'aime la gaieté, je peux aussi apprécier des musiciens
aussi "sérieux" que Miles Davis. Mais pour les
puristes du jazz, la musique doit souvent être sinistre et
aussi "constipée" que la musique contemporaine.
Comment
avez-vous découvert Les Fleurs Bleues de Queneau, thème
de votre premier album ?
Suite
|